Exposition collective

« C’était il y a longtemps …

Avant l’inondation, avant le covid …

Une catastrophe avait défiguré notre Boulevard de l’Ourthe !

Ces tilleuls qui par leur parfum nous annonçaient le printemps, abritaient les oiseaux …

Ces doux colosses qui nous protégeaient du soleil, de la pluie, de la poussière …

Ces arbres magnifiques donc, étaient malades, étaient condamnés …

Pendant quelques jours nous avons vécu alors dans l’agitation, le bruit des tronçonneuses.

Nous avons vu ces géants débranchés, couchés, débités, emportés…

J’ai vécu personnellement ces moments qui me paraissaient un massacre.

J’en ai été très émue et me sentais complètement impuissante.

Alors, j’ai voulu honorer ces arbres magnifiques, les sauver de l’oubli.

J’ai décidé de prendre les empreintes de leurs souches, de ce qui restait de leur présence.

Comment ? En me mettant en chemin avec mes papiers et mes crayons pour réaliser ce travail, sous les yeux parfois étonnés de quelques passants.

Le temps s’est écoulé, les rouleaux ont attendus patiemment que passent le covid, l’inondation …

Et voici qu’aujourd’hui, grâce au CCC ils vont apparaître ! Un peu comme des « fantômes «  pour  sortir de l’oubli ! » (Françoise Bronkart)

Comme ne l’indique pas ce témoignage. C’est d’abord Françoise, que j’ai rencontrée, chargée d’émotion et de ses dessins sous le bras avec l’envie de partager son ressenti, d’exposer ses fusains sur les murs de l’espace d’exposition. L’art c’est savoir transformer son quotidien, ses sentiments en les transposant dans un matériau inerte, toile, papier,… Il permet d’approfondir ses questionnements et de mieux comprendre ce que l’on vit. Exposer ses réalisations permet de finaliser le processus en les partageant avec d’autre.

Dominique est une adepte du Centre culturel, je l’y ai aperçue maintes fois. Discrète, elle me parle de ses dessins dont chaque point placé minutieusement sur le papier, s’organise pour créer forme et volume. A travers ce travail de tatoueuse pointilliste, elle réinterprète l’origine du monde de Gustave Courbet, plus largement elle aborde l’intimité.

J’ai rencontré Anne et Kadia lors d’un jury à l’Ecole des arts de Saint-Luc de Liège. Leur univers et la qualité de leurs propositions m’a tout de suite interpellé. Toutes les deux étudiantes en peinture, elle développe un travail totalement singulier et différent. Anne est vidéaste, explore son corps et son environnement physique et psychique. Ces vidéos peuvent être perçue comme des peintures vivantes, tantôt proche de l’abstraction, tantôt paysagère, le son y joue un rôle particulier. Kadia est artiste peintre et performeuse, elle questionne dans son travail la notion d’identité et de sentiment d’appartenance à une communauté et plus largement d’avoir la peau noire dans un pays de blanc. Elle nous accompagnera tout au long de la saison, vous la retrouverez dans ce magazine, sur les murs du Centre culturel et lord ‘une exposition solo en février2024.

« La première fois que je me suis sentie différente a été la période qui suivait ma venue en Belgique, lors d’une excursion dans un parc d’attractions. 

J’ai très vite senti de plus en plus de regards sur ma sœur et moi. Ces regards m’ont d’autant plus marquée que durant cette période, mon corps subissait des changements. Je devenais de plus en plus grande et mes seins poussaient. 

Ces regards me renvoyaient à un autre moment de mal être. Petite, j’étais en face d’un groupe d’hommes, des amis de mon oncle. L’un de ces hommes a tout à coup décidé de tirer sur ma jupe et je me suis retrouvée en culotte devant eux. Je suis partie en pleurant. Je les entendais rire au loin.  

Ce jour au parc d’attractions eut le même effet sur moi. Je me sentais nue face à ces gens, leurs regards me déshabillaient. J’avais besoin de me couvrir et de courir. »  (Kadya Doumbouya)

N’hésitez pas à pousser les portes de votre Centre culturel pour découvrir le résultat de l’alchimie de cette rencontre.

Vernissage le du 14 septembre à 18 h, l’exposition est accessible du 15 septembre au 10 novembre 2023, sur rendez-vous ou pendant les activités organisées par le Centre culturel.